Jean de Lamberville (1633-1714), missionnaire jésuite, est né à Rouen, en France. Dès son arrivée au Canada, en 1669, il est affecté à la mission des Iroquois. Homme dévoué et conciliant, il gagne le respect des Onontagués, dont le chef, Garagonthié, appuie son œuvre d'évangélisation. À cause des liens privilégiés qu'il entretient avec les autochtones, les autorités coloniales voient en lui un médiateur capable d'aider à pacifier les tribus hostiles. Toutefois, les Iroquois se livrent encore au pillage et le gouverneur Le Febvre de La Barre organise une expédition punitive qui se solde par un cuisant échec. On le remplace alors par Brisay de Denonville, qui arrive en Nouvelle-France en 1685 avec le mandat d'écraser les Iroquois. Lamberville servira ses plans sans le savoir. À la demande du gouverneur, en effet, le missionnaire convainc 40 chefs des Cinq-Nations de se rendre au fort Frontenac (Kingston, Ont.) à l'été de 1687 pour y tenir une assemblée avec les Français. Mais Denonville trahit sa confiance et ses soldats capturent les Iroquois qui se trouvent dans les environs. Plusieurs seront finalement libérés grâce aux efforts du missionnaire.

Resté au fort Frontenac en tant qu'aumônier de la garnison, Lamberville est atteint du scorbut et doit être transporté à Montréal à l'hiver de 1688. Il n'en continue pas moins son travail de médiation et une entente de paix est sur le point d'être conclue dès l'été suivant. Hélas, la délégation iroquoise venue à Montréal pour en fixer les conditions est attaquée par le chef huron Kondiaronk, qui dit agir sur l'ordre du gouverneur. En guise de représailles, les Iroquois sévissent dans toute la colonie, notamment à Lachine, les 4 et 5 août 1689. Ses efforts ainsi réduits à néant, Lamberville retourne définitivement en France, où il agira comme procureur des missions jésuites au Canada.