Charles Péguy (1873-1914), écrivain français, entre à l'École normale supérieure en 1894 et étudie notamment auprès du philosophe Bergson. C'est à cette époque qu'il délaisse la pratique religieuse et commence à militer pour le socialisme. En 1900, il fonde les Cahiers de la quinzaine, un périodique dans lequel il publie ses œuvres et aborde les problèmes politiques contemporains en mettant de l'avant ses idées humanitaires. Puis, ayant rompu avec le socialisme officiel, à son avis trop sectaire, il revient à la foi catholique, sans pour autant renouer avec l'Église. Le personnage de Jeanne d'Arc est alors une figure centrale de son œuvre. Déjà en 1897, il avait fait paraître Jeanne d'Arc, un vaste drame poétique sur les thèmes de l'héroïsme et de la sainteté. Le mysticisme patriotique qu'elle lui inspire est exacerbé par la menace d'une invasion allemande. En 1910, il publie Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc, un long poème oratoire, suivi en 1911 du Porche du mystère de la deuxième vertu et de plusieurs autres œuvres poétiques dont les thèmes ont trait au sacré. Paru en 1913, Ève, qu'il considère comme son Iliade, est un hymne à l'espérance, vertu fondamentale de la foi de Péguy. L'écrivain sera tué au front quelques jours après le début de la Première Guerre mondiale.