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Date de dénomination : 7 juillet 1972
Arrondissememt(s) : Les Rivières
Jacques de Mareuil est un lieutenant réformé d'un détachement des troupes de la marine française et un comédien amateur. De passage en Nouvelle-France du printemps 1693 à l'automne 1694, cet officier doit sa célébrité au scandale qu'il cause à Québec durant son bref séjour. Dans la seconde moitié du 17e siècle, le théâtre n'a plus du tout la faveur du clergé. Or voilà qu'en 1693, le gouverneur Frontenac (voir aussi De Buade) remet à l'honneur des soirées dramatiques. Pendant le Carnaval de 1694, on joue au château Saint-Louis, avec grand succès, les tragédies Nicomède de Corneille et Mithridate de Racine. Les premiers rôles sont alors tenus par les officiers des troupes, dont Mareuil. L'annonce de la mise en scène prochaine du Tartuffe de Molière soulève la colère de l'évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier, qui dénonce la pièce et d'autres comédies du genre comme « absolument mauvaises et criminelles ». Il demande aux curés de Québec de condamner le théâtre en général et le lieutenant Mareuil en particulier. Le 16 janvier 1694, l'évêque publie deux mandements, l'un dirigé contre Mareuil libertin, et l'autre visant Mareuil, rôle-tire de Tartuffe. L'affaire est portée devant le Conseil souverain et Mareuil sera emprisonné. Grâce à Frontenac, l'officier est remis en liberté le 29 novembre et embarqué secrètement sur le dernier bateau en partance pour la France. À cause de cette fâcheuse « querelle du Tartuffe », le théâtre à Québec entrera en sommeil jusqu'en 1760.
Résolution du conseil, 7 juillet 1972; Ville de Québec. Guide odonymique de la ville de Québec 1608-1988, 1989; Dictionnaire biographique du Canada, vol. l, p. 143, 145, 499-500; Hare, John, Marc Lafrance et David-Thiery Ruddel. Histoire de la ville de Québec 1608-1871, 1987, p. 96.